dimanche 17 novembre 2013

étape 6 : refuge elena - champex

 mardi 30 juillet 2013

8 h    + 900 m    - 1 500 m


  7 h 30 ; 8 °C ; départ. A l'ouest, face au refuge, le glacier de Pré de Bar allonge sa langue jusqu'au fond de la vallée. Le soleil illumine son sommet tandis que côté est les nuages ont emprisonné le Grand col Ferret (2 534 m). Le passage de ce col dans la brume donne aux marcheurs des allures de contrebandiers ralliant discrétement la Suisse. Ce chemin est en effet utilisé depuis l'antiquité pour passer du Val d'Aoste italien au Valais suisse.












  Côté helvète, la mollesse de la montagne est propice aux alpages se déroulant aujourd'hui sous les nuages. Rapidement, alors que le chemin serpente tranquillement à flanc de montagne sans éviter les restes de névés, la brume gagne en hauteur et dévoile un paysage somptueux. Sous un ciel d'un bleu méditerranéen, le vert tendre des premiers plans exposés au soleil marque sa différence avec les verts profonds, tirant sur le bleu marine, des forêts réfugiées à l'ubac.










  Après deux heures et demie de marche, c'est la traversée du chalet de la Peule, incontournable avec ses yourtes où on peut coucher sur la paille ! C'est aussi un point de ralliement pour quantité de vététistes, plus nombreux que les randonneurs au moment de mon passage. Deux cents mètres en contrebas, dans l'entonnoir du Val Ferret suisse, la Drance de Ferret a marqué d'un profond sillon son territoire que vient souligner l'éclairage. Une véritable illustration pour atlas de géographie !











  Sitôt parvenu au fond du val, le chemin s'apaise et se transforme petit à petit d'un sentier terreux en une belle route goudronnée. Les haies, les forêts, les bas-côtés, tout semble soigneusement taillé, rangé, fleuri, caricature de la Suisse propre sur elle. Les chalets ne connaissent pas d'arrière cour hideuse ; il ne manque pas de lattes aux clôtures en bois ; les cabanes dans les prés, sans objets alentour, sont comme désertées. Dans des paysages offrant suffisamment de recul pour le regard, rien ne traîne. Nul véhicule abandonné, nul bosquet végétal sauvage, nul poteau électrique ou téléphonique, tout est soigneusement peigné, rangé et prend des allures de décor de train électrique. C'est la Suisse... mais c'est beau.














  Dans cet univers policé de l'argent roi, les distributeurs acceptent enfin ma carte de crédit, mais ne délivrent que des francs suisses. Alors je continuerai de payer par carte... Après Praz-de-Fort arrive le hameau des Arlaches constitué d'une rue longitudinale encadrée par un double alignement de maisons soigneusement organisées et fleuries. Au milieu, une fontaine délivre en continu une eau qui n'intéresse que quelques randonneurs. En effet, tous les habitants travaillent à la ville et ces petits hameaux si charmants sont dénués de vie en journée. Mais c'est toujours beau.













  Puis, au bord d'un joli petit lac, vient Champex, station estivale huppée aux prix en rapport. Je poursuis donc jusqu'à Champex d'en-Haut et son gîte "au Bon Abri". Excellent accueil, chalet ravissant, salle à manger haute sous plafond et encadrée de larges baies, chambre individuelle avec salle de bains privée (pour compenser hier) et je décide de fêter ça en m'octroyant un génépi. Plus tard, en ouverture d'un excellent repas - rare sur le chemin - le patron offre l'apéritif ! Le lendemain, petit-déjeuner et panier pique-nique seront à la hauteur. Quant au prix : 100 FS, soit ce qu'il aurait fallu débourser auprès du lac pour des prestations qui s'annonçaient assez inférieures.

  Ce fut donc une étape magnifique, aux antipodes de celle d'hier, et pourtant... et pourtant les deux méritent d'être vécues, s'enrichissant l'une de l'autre et on est proche de l'idéal quand les deux se suivent d'aussi près et dans ce sens. Finalement, je considère avoir beaucoup de chance.


 

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